« La légende du colibri »

La notion de responsabilité, intimement liée à celle de l’engagement qu’il soit individuel ou collectif, est merveilleusement imagée par « La légende du colibri ».

Pierre Rabhi, écologiste-paysan-philosophe, nous la raconte dans son livre « La part du colibri »; c’est une invitation à l’amour et au respect de notre Terre sacrée illustrée par Pascal Lemaître.

« La légende amérindienne du colibri, appelé parfois l’ « oiseau-mouche », ami des fleurs »…

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit: « Colibri! Tu n’es pas fou? Tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part ».

Prendre sa part de responsabilité et s’engager est avant tout un acte de foi et de courage envers soi-même afin que nos actes ne soient que l’expression des traits de notre cœur. C’est ainsi que notre estime de nous-mêmes sera pleinement nourrie et ne souffrira plus d’aucune comparaison… « je fais ma part, pas plus, pas moins ».

Alors, plutôt tatou ou colibri…

05 Septembre 2016

Apprendre à traduire nos épreuves

La vie est ainsi faite, nous offrant nos plus grandes joies comme nos intenses moments d e chagrins; ces périodes difficiles et douloureuses peuvent être, une fois l’intensité de notre souffrance abaissée, aussi l’occasion de bilan général. Nous pouvons apprendre  à nous poser le temps d’évaluer notre tableau de bord interne et ne plus ignorer nos « warning »  allumés.

En anglais, le terme « shake up » signifie secouer, bousculer, remanier, bouleverser; il est nécessaire de procéder à un remaniement émotionnel afin de provoquer une prise de conscience de ce qui nous appartient dans la situation qui nous rend malheureux (les déceptions amoureuses, les relations conflictuelles, les échecs professionnels…).

En ce sens, la crise traversée nous invite à repenser nos choix avec davantage de lucidité, de discernement et de sagesse (moins influencé par notre histoire, nos croyances et nos peurs) afin de se proposer de nouvelles ouvertures et possibilités d’existence.

Boris Cyrulnik parle de la notion de résilience (terme utilisé en physique pour parler de l’aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale) en la définissant comme la capacité à rebondir après un choc, une « manière de métamorphoser la douleur ». Au départ utilisée pour définir la capacité qu’ont certains enfants à triompher des traumatismes subis comme le deuil précoce, l’abandon, la maltraitance, la violence (sexuelle, de guerre…), nous pouvons aussi l’appliquer à notre manière de réagir aux chocs et perturbations éprouvantes.

La résilience offre une perspective positive et empreinte d’espoir car elle nous confirme qu’il est possible de s’en sortir même après le pire. « La capacité à réussir à vivre et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress ou d’une adversité qui comporte normalement le risque grave d’une issue négative ».

Apprendre à traduire les épreuves et les échecs que nous traversons nous permet de mieux comprendre notre fonctionnement inconscient responsable des états de forte anxiété et d’angoisse.

S’observer avec bienveillance et humour, c’est-à-dire sans la « petite voix » critique ou moqueuse de l’égo, permet aussi de conquérir des espaces de liberté et une facilité être soi plus souvent.

25 Juillet 2016

Indispensables nourritures affectives

Il a été raconté qu’ « au Moyen-Age, l’Empereur allemand Frédéric II de Hohenstaufen chercha lui aussi à savoir quelle sorte de langage et quelle façon de parler adopteraient des enfants élevés sans jamais parler à qui que ce fût ».

« Aussi nous dit, dans sa chronique, le moine franciscain Salimbene – demanda-t-il à des nourrices d’élever les enfants, de les baigner, de les laver, mais en aucune façon de babiller avec eux ou de leur parler, car il voulait savoir s’ils parleraient hébreu, le plus ancien des langages (c’est tout au  moins ce que l’on croyait à cette époque) ou le grec, ou le latin,, ou l’arabe, ou peut-être encore le langage des parents dont ils étaient issus. (…) Mais il œuvra pour rien, car tous les enfants moururent… En effet, ils ne pouvaient pas survivre sans les visages souriants, les caresses et les paroles pleines d’amour de leurs nourrices ».

Il est à espérer que cette expérience insensée et cruelle n’ait jamais eu lieu et qu’il s’agisse plutôt d’une légende créée  pour nous rappeler combien les liens affectifs sont vitaux, et ce dès le début de la vie… même un peu avant.

Des études montrent d’ailleurs que les premiers mots prononcés à un nouveau-né ont une influence insoupçonnable sur son évolution et sa vie future.

Les nourritures affectives, nos liens familiaux, amicaux, communautaires ou tribaux, sont essentiels à notre survie. La vie palpite si l’on se sent ou s’est senti au moins une fois pleinement et totalement aimé. Nous ne pouvons vivre et nous épanouir sans liens affectifs, ils constituent la part la plus importante qui donne son sens profond à notre vie.

24 Juillet 2016

« J’ai osé la thérapie en ligne »

Bonjour, pourquoi avez-vous choisi de suivre une thérapie en ligne ?

Bonjour, trouver un thérapeute qui convient n’est pas simple… Alors quand on arrive à travailler sur soi efficacement avec un psychologue et que celui-ci s’installe loin, c’est personnellement une vraie opportunité que de pouvoir poursuivre sa thérapie en ligne ; Je n’ai pas hésité.

Recommencer de zéro avec un autre thérapeute aurait été compliqué, vraiment pas l’énergie de tout reprendre …

Comment se déroule votre séance (où, quand, comment) ?

A mon domicile, aux horaires convenus ensemble, dans une pièce au calme sans éléments extérieurs pouvant perturber la séance. L’idée, sur préconisations du thérapeute c’est de créer un environnement pour les séances qui ne soit pas source de distraction et surtout qui ne génère pas de stress.

Vos rendez-vous se font à quel rythme ?

Les rendez-vous se font soit à ma demande, soit programmés conjointement (en cas de suivi particulier sur des points précis, ou d’état psychologique compliqué).

Quelles différences avec la thérapie en face à face ?

Le cadre et le contact direct forcément, maintenant selon moi ce n’est pas l’essentiel dans le travail effectué.

Peut-on vraiment se dévoiler malgré la distance ?

Quand on travaille en confiance, ça ne pose aucun problème et puis c’est dans notre intérêt alors Oui !

Comment gérez-vous les moments d’émotions intenses ?

Avec la respiration, l’aide du thérapeute et … le paquet de mouchoir toujours à portée 😉

Pensez-vous que ce type de thérapie puisse convenir à tout le monde ?

Pourquoi pas, le mieux est de franchir le pas et de le faire dans les conditions préconisées par le thérapeute pour savoir si ce type de suivi nous convient.

Comment vous sentez-vous après votre séance ?

En règle générale, vidée mais sereine. Je prends un temps après la séance pour « encaisser » si besoin, puis j’en repars booster pour ma journée.

Que diriez-vous aux sceptiques ?

Que le mieux c’est de tester pour se faire sa propre opinion.

Sophie, 40ans

Bonjour, pourquoi avez-vous choisi de suivre une thérapie en ligne ?

Parce que je suis loin de mon thérapeute et que cette possibilité s’est présentée à moi.

Comment se déroule votre séance (où, quand, comment) ?

A domicile, au calme dans une pièce choisie, par téléphone.

Vos rendez-vous se font à quel rythme ?

Quand le besoin se fait ressentir.

Quelles différences avec la thérapie en face à face ?

La seule différence est de ne pas avoir son thérapeute physiquement. A partir du moment où nous sommes réceptifs, tout va bien.

Peut-on vraiment se dévoiler malgré la distance ?

Oui, et peut être mieux.

Comment gérez-vous les moments d’émotions intenses ?

Exactement comme au cabinet, par la respiration pour retrouver le calme et le lâcher prise face aux émotions, par les larmes aussi.

Pensez-vous que ce type de thérapie puisse convenir à tout le monde ?

Difficile à dire, car nous sommes tous différents.

Comment vous sentez-vous après votre séance ?

Je me sens très bien, apaisée, rassurée, en paix avec moi-même.

Que diriez-vous aux sceptiques ?

Je leur dirais que j’étais sceptique aussi sur mon ressenti, sur le déroulement de la séance, mais toutes mes inquiétudes sont tombées, j’ai eu une séance comme j’en avais déjà connu, calme, tout en douceur… Les sensations ont étés présentes. Donc vous pouvez faire confiance à la thérapie à distance.

Éliane, 46 ans

Bonjour, pourquoi avez-vous choisi de suivre une thérapie en ligne ?

Je me suis rendue compte à quel point de pouvoir faire le point sur ma vie est libérateur. Du coup, pour moi, peut importe la forme. Je préfère une bonne thérapie en ligne avec un professionnel dont je connais la compétence, plutôt qu’auprès du psy du coin, parce qu’il n’est pas cher et juste à coté.

Comment se déroule votre séance (où, quand, comment) ?

Que ce soit par Skype ou par téléphone, je choisis pour mon bien être, d’être dans un endroit calme où je sais que je ne serais pas dérangée.

Comme en consultation normale, nous prenons ensemble rendez vous sur l’agenda de chacune.

Les séances commencent toujours par un petit rituel. Je suis installée chez moi, (comme en cabinet), position semi allongée où je pose mon corps au rythme de ma respiration. Une fois détendue, je suis bien disposée à commencer la séance. A la fin de la séance, je pose à nouveau ma respiration et mon corps (parfois éprouvé par l’émotion) pour revenir plus facilement dans mon quotidien.

Vos rendez-vous se font à quel rythme ?

Une fois tous les 15 jours.

Quelles différences avec la thérapie en face à face ?

Une fois le lien et la confiance gagnées avec le professionnel, pour moi cela n’a aucune différence. L’essentiel d’une bonne thérapie c’est l’écoute. On peut trouver l’écoute sous différentes formes : en face à face où à distance, l’important c’est que le professionnel m’aide à regarder au bon endroit en moi et au bon moment.

Peut-on vraiment se dévoiler malgré la distance ?

Bien évidemment. On se dévoile lorsque qu’il y a un climat d’empathie et de confiance, peu importe la forme.

Comment gérez-vous les moments d’émotions intenses ?

Je m’appuie sur sa voix. Je ne la quitte pas. Elle est comme un fil d’Ariane au travers de l’émotion.

Pensez-vous que ce type de thérapie puisse convenir à tout le monde ?

Si l’on ne se sent pas bloqué par cette approche, bien sûr que ce type de thérapie convient à tout le monde.

Comment vous sentez-vous après votre séance ?

Je me sens travaillée parfois fatiguée et très souvent apaisée, comme une séance en cabinet. Cela ne fait aucune différence.

Que diriez-vous aux sceptiques ?

Ceux qui on vraiment envie d’avancer sur le chemin de leur vie, ne seront pas arrêtés par cette approche. A ceux qui hésitent, je leurs poserais donc une question : es-tu vraiment près à regarder ce qui appelle en toi ?

Cécile, 41 ans

Bonjour, pourquoi avez-vous choisi de suivre une thérapie en ligne ?

J’ai choisi de suivre une thérapie en ligne, car je connaissais déjà la thérapeute et j’avais confiance en elle. Le fait qu’elle connaissait déjà mon histoire de vie me mettait à l’aise.

Comment se déroule votre séance (où, quand, comment) ?

La séance se déroule à mon domicile, le matin tôt, via Skype.

Vos rendez-vous se font à quel rythme ?

Un rendez-vous chaque semaine.

Quelles différences avec la thérapie en face à face ?

Le fait de communiquer par écrans interposés est à la fois un avantage un et un inconvénient; un avantage car on se sent « protégé » par l’écran et donc on se sent plus libre de parler de soi et un inconvénient car cela peut paraître un peu moins chaleureux, que le face à face. Certaines personnes ont besoin du cadre du cabinet (décoration, lumière tamisée, etc..) pour se sentir dans l’ambiance de la consultation. Avec la thérapie en ligne, on ne l’a pas. Rien n’empêche de le faire à la maison. En ce qui me concerne, ce n’est pas un problème. C’est plus simple en terme d’organisation.

Peut-on vraiment se dévoiler malgré la distance ?

Oui. Cela me parait même plus simple.

Le plus important étant de se sentir en confiance. Une fois cette condition remplie, distance ou pas, la relation reste la même.

Comment gérez-vous les moments d’émotions intenses ?

J’essaie d’accueillir l’émotion : c’est-à-dire que si je ressens le besoin de pleurer, je ne retiens pas mes larmes.

Pensez-vous que ce type de thérapie puisse convenir à tout le monde ?

Non, je ne le crois pas. Certaines personnes auront besoin d’une présence, d’un face à face, pour les raisons citées ci-dessus.

Comment vous sentez-vous après votre séance ?

Cela dépend de la séance : souvent je me sens remontée à bloc, pleine d’énergie, d’autres fois un peu triste. Mais dans tous les cas cela me fait du bien d’avoir pu m’exprimer durant la séance.

Que diriez-vous aux sceptiques ?

Essayer, cela en vaut la peine. Ne dit-on pas l’essayer c’est l’adopter.

Béatrice, 36ans

Bonjour, pourquoi avez-vous choisi de suivre une thérapie en ligne ?

Bonjour j’ai choisi la thérapie en ligne car ma psychologue a déménagé et je ne pouvais donc plus pouvoir me rendre à son cabinet.

Comment se déroule votre séance (où, quand, comment) ?

Ma séance se déroule souvent entre midi et deux sur ma pause déjeuner, par téléphone, dans un endroit calme.

Vos rendez-vous se font à quel rythme ?

Cela dépend de mes besoins, parfois chaque semaine, parfois tous les 15 jours.

Quelles différences avec la thérapie en face à face ?

Sur le contenu pas de différences au final, le contact est bien sûr différent mais je connais déjà bien ma psychologue pour avoir fait des séances en cabinet pendant un an .

Peut-on vraiment se dévoiler malgré la distance ?

Oui absolument.

Comment gérez-vous les moments d’émotions intenses ?

En séance, on prend le temps, on respire, on laisse les émotions venir.
Si c’est hors séance et que j’ai besoin d’en parler je contacte ma psychologue qui me trouve un rendez-vous rapidement.

Pensez-vous que ce type de thérapie puisse convenir à tout le monde ?

Si les séances sont bien menées je pense qu’il n’y a pas de problème.

Comment vous sentez-vous après votre séance ?

Comme toujours soulagée d’un certain côté et parfois bien remuée aussi car cela fait remonter des choses.

Que diriez-vous aux sceptiques ?

Que cette forme de thérapie me convient, je pense que c’est une question de confiance entre psychologue et patient.

Mélanie, 39 ans

« Hommage aux victimes de l’attentat de Nice du 14 Juillet 2016 »

Nice, comme de nombreuses villes du monde, a été frappée par l’horreur, l’innommable!

Les conséquences psychologiques sont terriblement douloureuses, profondes et envahissantes.

Ces psycho-traumatismes nécessitent une prise en charge individuelle et collective adaptée et immédiate à court, moyen et long terme.

Choquées, sidérées, déconnectées, à côté de la réalité, les personnes touchées ont besoin d’un espace d’écoute empathique et bienveillant pour doucement reprendre pied et se relier à leur humanité. La détresse, d’une intensité immense à besoin d’être dite, criée et partagée pour rompre l’isolement du chaos interne ressenti. Les échanges et les silences en groupe de parole sont aussi un soutien indispensable pour se sentir moins seul face à l’indicible.

Nous ne sommes pas préparés à faire face à une telle folie, pour cette raison, ces situations nous imposent de trouver au fond de nous les capacités et les qualités nécessaires pour continuer à avancer et réinventer notre rapport au monde pour que, face à  la peur imposée,  l’espoir en la vie soit la seule réponse.

Je partage la douleur des familles et des proches des victimes  et vous fais part de mon soutien le plus total dans cette épreuve qui nous touche tous en plein cœur…

« Le cœur blessé nous enlaçons la promenade endeuillée,

Quelques roses blanches délicatement disposées

Sur le sombre bitume écœuré.

Le cœur blessé nous marchons en silence,

Serrant plus fort

A chacun de nos pas

Notre armure d’amour et de liberté.

Aucune arme ne peut abattre le cœur de notre Humanité. »

                                                                                                                                                                 23 Juillet 2016

Alors, je me replonge dans les mots d’Antoine Leiris qui vibrent encore de force, d’amour et d’insoumission un an après les attentats de Paris. Nous sommes infiniment plus grands  que ce que l’on inflige.

 

« Vous n’aurez pas ma haine » 

Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

                                                                                                                                                    16 novembre 2015

Mieux comprendre nos émotions

« On ne nait pas libre, on le devient », Spinoza.

Bien avant Freud, Spinoza avait compris que toutes les actions que nous pensons mener librement sont en réalité dictées par notre affectivité (nos émotions), nos croyances et nos représentations (déterminées par nos émotions). Nos émotions sont omniprésentes, impossibles à laisser au placard le matin et elles font bien souvent la météo de nos journées.Elles nous rendent heureux, nous encombrent, nous dépassent ou nous font honte. Nous sommes tiraillés entre le besoin de les laisser être et les vivre pleinement – ce qui renvoie à ce que l’on est – et les ravaler, les domestiquer – ce qui renvoie à ce que l’on fait ou que l’on croit devoir faire en société.

Définition et fonction

Une émotion est généralement définie comme un trouble, une agitation passagère ou un état affectif intense caractérisés par une brusque perturbation physique et mentale. Explosive, intense et brève, elle peut être liée soit à des causes extérieures ou des causes intérieures. L’émotion arrive avant nos pensées (pré-verbale); par exemple, lorsque nous sommes en colère tout notre corps se tend et crispe en réponse immédiate à la situation-problème avant même que nous ayons émis une pensée. Nos émotions ont donc un impact très important sur nos représentations et notre vision de monde.

Elles prennent naissance au plus profond de notre cerveau archaïque « reptilien » avant d’être relayées par le néocortex à notre cerveau dans le système limbique.

Nous avons à la naissance les mêmes réactions émotionnelles; ce qui vient nous conditionner ce sont les réactions différentes des parents avec un garçon ou une fille; c’est la raison pour laquelle les hommes auront plus de mal à assumer  leurs émotions comme l’anxiété et la tristesse du fait de ce conditionnement de départ.

Les chercheurs parlent de 6 émotions universelles:

  • la peur,
  • la colère,
  • la tristesse,
  • la joie,
  • le dégoût,
  • la surprise.

 

Certains psychologues rajoutent:

  • la honte,
  • la culpabilité.

 

On les aborde selon 2 axes:

  • La valence (agréable ou désagréable),
  • L’intensité (explosive, incontrôlable…).

 

Elles renvoient toutes à 2 états affectifs primaires liés à des sensations physiques:

  • le plaisir,
  • la douleur.

 

Les émotions ne sont ni des sentiments ni des humeurs.

Les sentiments comme l’amour et la haine sont plus stables et plus durables. Les sentiments sont des émotions qui durent.

Les humeurs sont plus diffuses et d’intensité plus basse, on y trouve:

  • l’anxiété,
  • l’ennui,
  • la morosité,
  • la mélancolie.

 

Boris Cyrulnik explique qu’il n’y a jamais de perception pure chez l’homme, chaque parole, chaque geste, chaque parfum, chaque image, chaque goût est « interprété » par son affectif; sans les émotions nous serions des machines.

Pour le psychologue Daniel Goleman à qui l’on droit le concept d’intelligence émotionnelle, la réussite d’un individu dépend davantage de son QE (Quotient Émotionnel) que son QI (Quotient Intellectuel). Il a démontré que les « gagnants » dans une entreprise étaient ceux qui étaient humainement appréciés et capables de gérer leurs émotions et celles des autres. De plus , les émotions sont de véritables outils de communication.

Il fait bon pleurer…

Saviez-vous que « les larmes détiennent à peu près dix fois plus d’hormones de stress que le sang selon Marc Schwob, chercheur en neurophysiologie, pleurer est donc la manière la plus naturelle et la plus adaptée pour extérioriser son chagrin.

Et avoir le cœur joyeux,

La joie est un euphorisant désinhibiteur naturel stimule la production d’hormones du plaisir ( comme la sérotonine), c’est un véritable aimant, elle attire les autres vers nous et nous pousse au partage. La joie et le plaisir renforcent les défenses immunitaires alors que la peur , la douleur , le chagrin les affaiblissent et nous rendent moins résistants aux germes et au virus.

Les émotions négatives retenues ou bloquées sont nocives

Marchander avec nos émotions, en les déguisant ou en les inhibant à l’excès,  présente des risques pour notre santé physique et psychologique. Joseph Le Doux, chercheur, explique qu’ « elles risquent donc de resurgir à tout moment, sous forme de phobies, de boule dans la gorge, de migraines, de dépression, de vide que l’on comble en mangeant ou en se mettant à boire, de maladies psychosomatiques graves ».  Les psychanalystes ont aussi remarqué que le profil des personnes atteintes d’un cancer montre une retenue des sentiments.

A l’inverse, l’hyperémotivité ou labilité émotionnelle (c’est-à-dire une humeur peu stable) n’est aussi qu’une manière de fuir ses émotions. Depuis l’enfance, l’hyperémotif joue à être ému (à faire le clown, à être le peureux ou le craintif, le pleureur, le rieur…), tout en cachant ce qu’il ressent réellement, pour ne pas déplaire et se faire aimer.

Freud a bien expliqué, en parlant des émotions, que pour notre bien-être, notre inconscient va les refouler, déplacer, somatiser, projeter sur d’autres afin d’éviter qu’elles soient perçues en soi,  on peut même les transformer en leur contraire. Tous ces mécanismes de défense contre nos émotions épuisent notre énergie psychique et corporelle.

Accueillir les émotions de nos enfants

  • Ne pas hésiter à nommer les émotions, même ceux de votre bébé afin de l’aider à les identifier,
  • Garder à l’esprit que votre enfant reste très soumis à ses émotions,
  • Lui apprendre à mettre en mots ce qu’il ressent,
  • S’isoler avec lui pour qu’il explique son ressenti dans un cadre calme et rassurant,
  • Ne pas lui reprocher ses émotions et encore moins s’en moquer,
  • Lui parler de vos propres ressentis, il a besoin des émotions des adultes qui l’entourent pour grandir. Les enfants deviennent parfois violents parce qu’ils prennent à tort des silences ou des expressions neutres pour des marques d’hostilité, d’incompréhension ou de rejet,
  • Accueillir sans jugement ses émotions de tristesse ou d’angoisse, ses pleurs, ses cris ou ses mots agressifs,
  • N’interdire aucun type d’émotion. L’enfant perçoit très vite les émotions à réfréner pour être accepté ou aimé de ses parents, la plupart des des blocages émotionnels à l’âge adulte viennent de ce conditionnement affectif négatif. Celui qui n’a jamais le droit d’exprimer sa colère apprendra à ne plus être lui-même pour plaire aux autres.
  • Éviter de tomber dans les stéréotypes conditionnant de type « les garçons sont petits durs qui ne pleurent pas et qui n’expriment pas leurs émotions et « les filles sont des modèles de douceurs et de gentillesse ».,
  • L’aider à développer sa curiosité et sa créativité,
  • Favoriser une écoute et une qualité de présence à l’adolescence, votre enfant aura besoin d’une certaine liberté tout ayant besoin d’être rassuré (ne pas hésiter à partager vos expériences, vos peurs, vos ressentis…).

 

Accueillir nos émotions

  • Être attentif à ses ressentis corporels,
  • S’observer avec bienveillance,
  • Tenir sur un carnet, un journal, se créer un lieu de rendez-vous avec soi et pour soi,
  • Apprendre à assumer ce que l’on pressent intuitivement comme faisant partie de nous,
  • S’autoriser nos émotions internes et leur expression,
  • S’accueillir avec douceur et sans jugement,
  • Devenir son meilleur ami (amour, respect, engagement, fidélité, fiabilité).

 

Le travail intérieur de connaissance de soi nous libère de nos émotions, de nos désirs, de nos passions et nos croyances. C’est en s’observant quotidiennement  que l’on parvient à sortir de la pression des injonctions extérieures afin de retrouver autonomie et  liberté intérieure.

21 Juillet 2016