"Les impatientes"
Djaïli Amadou Amal, les impatientes, musulmane peule camerounaise s’inspire de son parcours pour dire les mariages forcés, la polygamie non consentie, les violences physiques et sexuelles faites aux femmes qui ne s’appartiennent pas.

Djaïli Amadou Amal, musulmane peule camerounaise s’inspire de son parcours pour dire les mariages forcés, la polygamie non consentie, les violences physiques et sexuelles faites aux femmes qui ne s’appartiennent pas.
Dans son roman « Les impatientes« , elle raconte que pour ces femmes, la seule espérance offerte est le « munyal » , « la patience » qui est la seule valeur du mariage et de la vie pour sa communauté. C’est l’unique réponse donnée aux femmes par les autres femmes lorsqu’elles dénoncent les atrocités qu’elles endurent parce qu’il y aurait, selon un proverbe africain, « au bout de la patience, le ciel« . Alors serrer les dents, accepter son sort avec courage et dignité pour que ne tombe la honte sur les siens.
« Obliger de ne pas riposter quand il la corrige,
Obliger d’accepter parce qu’on ne peut en savoir plus qu’eux
Pauvre femme africaine affaiblie de génération en génération qu’elle a perdu sa fougue. »
Walaande, l’art de partager un mari.
Djaïli Amadou Amal choisit de s’enfuir de son deuxième mariage, après avoir été répudiée du premier, pour ne pas y laisser sa vie, elle se lance dans l’écriture et crée « Femmes du Sahel », une association qui permet aux jeunes filles d’être scolarisées afin d’éviter les mariages forcées précoces. Elle ose dénoncer une mauvaise interprétation de la religion et un amalgame entre culturel et religieux.
Première femme en littérature dans sa région, elle s’est donnée pour mission d’offrir aux jeunes femmes de chez elle une nouvelle fenêtre sur leurs existences, une possibilité de se ressaisir de leurs destinées par l’éducation. Pour briser les chaînes de la fatalité admise, entrer en insoumission, devenir « Les impatientes ».
Alexandra Legendri-Fauron
19 avril 2021.