S’apprivoiser au sens donné par le renard du Petit Prince, c’est « être unique au monde pour l’autre », faire « Tsaheylu », en Na’vi, langage des créatures de Pandora dans le film Avatar, signifie faire lien entièrement jusqu’à la mort, recevoir le « darshan » d’Amma, étreinte d’amour inconditionnel et bienveillant, c’est se sentir relié à l’humanité, à la même famille.
Le héros est un enfant au cœur libre
Je me souviens qu’un soir de Juillet 2016, lors de la finale de l’euro de football 2016, il a suffi d’un seul geste, celui d’un enfant, pour qu’en un instant le monde entier soit réconcilié. Ce soir-là, la plus belle partie de nous s’appelait Mathis et avait dix ans et demi. Vous pouvez toujours revoir cette vidéo qui est encore en ligne.
Mathys raconte qu’alors qu’ils sortaient, sa mère et lui, heureux d’avoir vu leur équipe du Portugal remporter la victoire, sa mère se hâtant car elle voulait éviter les supporters éméchés… « c’est là que je vois ce français qui pleure et moi je suis sensible quand les gens pleurent, je comprends, alors je viens le voir et je le console un peu. »
Mathis nous a rappelé, par la spontanéité et l’authenticité de son étreinte, que lorsque quelque chose nous touche, au plus profond de notre cœur, il nous faut le faire savoir et le crier au monde.
Cette étreinte a ému le monde entier parce qu’elle nous a fait vivre un moment de grâce, puissant et tellement réconfortant, nous faisant nous sentir instantanément relié à la même famille, plus grande que nos peurs et nos solitudes.
Il a réveillé ce soir-là la magie du lien sacré qui nous unit et qui nous nourrit en nous rappelant que nous sommes interconnectés et qu’un geste gratuit et spontané à le pouvoir de nous réconcilier, nous sommes réellement vivants et heureux lorsque ce lien est activé, à chaque fois que quelqu’un le fait vivre, il nous rallume tous au cœur même de la vie, à l’espoir, à l’Amour absolu.
Dans notre interconnexion tout est parfait d’être lié et retrouve son état d’équilibre premier. Le rejet, l’exclusion, l’indifférence, la raillerie, l’ignorance, l’injustice, la solitude ne sont pas de notre nature profonde mais hérités de nos conditionnements (représentations nées de nos peurs conscientes et inconscientes).
C’est bien le fait qu’il soit un enfant, supporter d’une autre équipe et qu’il ait été capable naturellement et si spontanément de se montrer sensible et concerné par la déception de l’autre qui fait de son geste quelque chose d’extraordinaire.
La puissante sincérité de son geste crée le miracle ; aucun calcul ni préméditation, le don dans son état brut.
Et, en face, Anthony, 25 ans, d’abord surpris car, il était au départ dans sa bulle de tristesse les mains sur les yeux ; comprend doucement la situation, d’abord il l’embrasse sur la tête amicalement, touché et encore un peu étonné de son geste, puis quand il se rend compte que Mathis reste-là, à côté de lui en réelle liaison avec son chagrin, il l’attrape et partage avec lui une explosion d’amour, comme s’il lui disait « merci de m’avoir vu, tu m’as donné tout le réconfort dont mon cœur avait besoin ».
Le cœur d’un enfant est libre, sans égo et sans calcul, il va au bout de son envie et c’est bien cela qu’il nous faut retrouver aujourd’hui, les murmures de notre cœur d’enfant !
29 Juin 2016